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©Dinant|Maison du Tourisme Vallée de la Meuse Namur

1914-1916 La Grande Guerre de Charles de Gaulle dans l’Aisne

Maturation du sens tactique militaire et politique du futur Général

La Première Guerre mondiale a profondément marqué le jeune officier du 33ème Régiment d’Infanterie d’Arras qu’était Charles de Gaulle et est indispensable pour comprendre son analyse et le reste de sa prolifique carrière, or celle-ci s’est passée en grande partie dans notre région.

Berry Au Bac Aisne Memorial Des Chars DassautBerry Au Bac Aisne Memorial Des Chars Dassaut
©Berry Au Bac Aisne Memorial Des Chars Dassaut|Havang

Un aperçu en image

Bataille de la somme (juillet 1916), Chemin des Dames et bataille d’Arras (avril-mai 1917), Armistice de Rethondes (11 novembre 1918) : tous ces noms ancrés dans la mémoire collective correspondent aux phases capitales du conflit mondial. Les plus sanglantes aussi ; et les mémoriaux dressés à Thiepval, Villers-Bretonneux, l’Historial de Péronne, la Caverne du Dragon, la carrière Wellington, la clairière de l’Armistice (…) témoignent autant du lourd tribut payé par la région que de l’inusable capacité de résilience de ses habitants. Ici, se relever est un devoir érigé en valeur.

Sur les pas du Général de Gaulle

à travers l'Aisne, l'Oise et la Somme



Lorsque la guerre est déclarée le 3 août 1914, le jeune lieutenant semble impatient de connaître son baptême du feu, cependant il ne quitte pas Arras sans regret et note : Adieu mon appartement, mes livres, mes objets familiers. Comme la vie paraît plus intense, comme les moindres choses ont du relief, quand peut-être tout va cesser. Son baptême du feu il le reçoit en Belgique, à Dinant, où il est blessé. Sur le pont qui enjambe la Meuse, une plaque rappelle sa bravoure.

A quelques mètres de la maison où il se réfugia, le genou fracassé par un tir allemand, se dresse une statue à son effigie, haute de 2,50 mètres.
Évacué, il ne retrouve le front que le 17 octobre à Pontavert sur la rive droite de l’Aisne, près du chemin des Dames où il reçoit le commandement de la 7ème compagnie.

Il connaît alors les exaltations et le découragement de tous les Poilus, il écrit à son père : Nous faisons la guerre de sape et occupons de temps en temps une tranchée ennemie, mais cinquante mètres derrière il y en a une autre. De temps en temps […], fusillades épouvantables d’une tranchée a l’autre sans aucun résultat bien entendu.

Cependant le 10 février 1915 il est nommé capitaine et il se plaît dans son régiment de gars du nord commandé par le lieutenant-colonel Boud’hors. De Gaulle est stationné au Bois des Buttes où se trouve également en 1915 Roland Dorgelès, l’auteur des Croix de bois et où sera blessé d’un obus à la tête Guillaume Apollinaire un an plus tard. Blessé à l’oreille le 6 mars, puis à la main le 10, il est évacué au Mont Dore pour y être soigné.

En octobre 1915, le voilà à Berry-au-Bac prenant le commandement de la 10ème compagnie et effectuant, avec un entrain qui lui vaudra les félicitations de son supérieur, tous les travaux de terrassement et de camouflage des positions françaises. Nous voici repartis pour la défensive et certains croient que c’est pour tout l’hiver écrit-il. Son instinct ne le trompe pas et le pénible quotidien du Poilu enterré dans ses tranchées ne l’épargne pas. Lors d’une crue de l’Aisne, le 8 décembre 1915 il décrit avec l’humour qui le caractérisera plus tard des conditions de vie d’une dureté inouïe : Nous vivons dans l’eau comme des grenouilles, et pour en sortir, il nous faut coucher dans nos abris sur nos lits suspendus.

La présence de Charles de Gaulle sur les lieux même de la première bataille de blindés français deux ans avant celle-ci est fascinante comme le note Marc Fosseux, qui y voit un clin d’oeil de l’histoire comme une confirmation de la vocation visionnaire de celui qui, dans ses ouvrages de l’entre-deux-guerres, n’aura de cesse de promouvoir l’importance de l’arme blindée.
Cela montre à quel point son expérience de la guerre sur le front picard fut importante dans la maturation de son analyse militaire et politique.

Je connais bien ces lieux

pour y avoir vécu et combattu

Fait prisonnier en 1916 à Douaumont, il passa la fin de la guerre en captivité non sans essayer de s’évader par cinq fois, mais il revint dans l’Aisne lors de la Seconde Guerre mondiale et, en 1951, il présida la cérémonie au monument aux morts des chars d’assaut à Berry-au-Bac, comme un panneau le rappelle et lorsqu’on lui parla de ces moments épiques il dit avec une certaine pudeur, peut-être alourdie de souvenirs :

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